dimanche 28 septembre 2014

FC Gueugnon, grandeur et décadence

22 avril 2000. Stade de France. St Denis (93). 21h52. Stéphane Roda déborde sur son côté gauche. Il passe en retrait pour Nicolas Esceth-N’Zi. Le milieu de terrain décoche une frappe du pied droit qui vient se fracasser sur le poteau de Dominique Casagrande. A l’affût au point de penalty, Marcelo Trapasso est là pour reprendre le ballon d’une demi-volée. Les filets tremblent. Emporté par joie, le goleador argentin soulève son maillot estampillé « Lion » et dévoile un portrait de sa fille. Gueugnon 1 – PSG 0.

22h28. Il reste une poignée de seconde à jouer. Sylvain Flauto en profite pour prendre à revers une défense parisienne fatiguée par ses efforts pour revenir au score. Sa longue chevauchée côté gauche, qui tel Emmanuel Petit face à ClaudioTaffarel, deux ans plus tôt, se termine par une frappe croisée imparable. Gueugnon 2 –PSG 0.



Le virage nord s’enflamme ! A 340 kilomètres de là, la « ville » s’embrasse ! Gueugnon vient de remporter la Coupe de la Ligue, aux dépends du PSG. Son premier titre depuis 1979.
En tribune présidentielle l’effervescence monte. Les joueurs et le staff se congratulent, versent quelques larmes et s’apprêtent à gravir les marches pour recevoir le trophée des mains de Lionel Jospin. Oui, Lionel Jospin.

22h55, Amara Traoré, capitaine des Forgerons et légende du club est le dernier à se présenter sur le promontoire. (Un mec qui nous a fait quelques misères, deux ans plus tard en Corée du sud avec ses Lions de la Teranga…si si vous devez vous en souvenir) Après avoir salué respectueusement les huiles, il brandit le trophée à la foule sur l’air de « We are the champions »…naturellement.
Les « Forgerons », les « paysans », les « bouseux » sont allés au bout de leur rêve…ils représenteront la France lors de la Coupe de l’UEFA 2000-01.

 Ce moment magique, que seul le sport peut vous offrir, je ne l’ai pas rêvé. Non. Je l’ai vécu. Moi gamin, du haut de mes 11 ans et de mon mètre –pas grand chose-, installé en tribune et grimé en Jaune et Bleu, de la tête aux pieds. S’en suivront une nuit courte et des chants entonnés en chœur dans les bus nous ramenant dans la cité des forges.



Alors, amis lecteurs, je vous vois venir. Vous vous dites sans doute « ah oui, c’est vrai je m’en souviens ! Mais au fait…ils deviennent quoi ces Gueugnonnois…non Gueugnonniens…non, Gueugnoquelquechose…bref c’te équipe ? ». Et bien Gueugnon, en 2014, c’est un club qui végète enCFA 2, joue contre des équipes comme Andrézieux-Bouthéon, Pontarlier ou encore Bourgoin-Jallieu, devant quelques centaines de spectateurs.
Ok je reconnais, on ne peut pas dire que ce soit bien glorieux mais peut importe. Je que j’ai…ou plutôt ce que NOUS avons vécu, ce 22 avril 2000, RIEN ni PERSONNE ne nous l’enverra ! D’ailleurs j’ai quelques équipes en tête qui aimeraient bien gagner une finale au Stade de France, m’enfin je tairais leurs noms…

En 2014, j’en ai vécu des joies et des peines avec ce club. Quelques exploits en Coupe, l’éclosion de quelques joueurs pas dégueulasses (Hoarau, Alessandrini, Ali Cissokho, Imorou ou encore Eric Mouloungui…non je déconne),une victoire 3-0 à Montpellier avec un triplé de l’Américain Jérémiah White, mais aussi une descente après 38 saisons consécutives passées en Ligue 2 (record, ma gueule !), des défaites à domicile contre Fréjus Saint-Raphael ou Pacy/Eure mais aussi un sauvetage en National à la faveur d’une victoire 3-0 dans le derby contre Louhans-Cuiseaux. Bref, rien de fou.

La belle histoire s’est terminée en 2012. Bon je ne vous fais pas un dessin…des dirigeants qui ne tiennent pas la route, manque de sponsors, repreneurs plus ou moins sérieux (Hey ! Salut Tony ! Bien la famille ? Allez sans rancune…), dépôt de bilan, rétrogradation administrative et plouf…une chute dans les bas fonds du football hexagonal.

Aujourd’hui, le FC Gueugnon vit, revit, survit (rayez les mentions inutiles), grâce à une poignée de passionnés. Des hommes et des femmes qui croient encore au football dans ce coin de France, mais surtout quelques supporters qui continuent de suivre le club et de chanter haut et fort « Gueugnon, c’est le Brésil » ou autres « En Bourgogne, Gueugnon… », histoire de revivre par procuration les glorieux moments d’antan.

Alors je sais qu’avoir gagné une Coupe de la Ligue c’était déjà beaucoup demander, mais comme je suis quelqu’un d’optimiste (et peut être un peu utopiste, je le conçois…), il m’arrive de me prendre à rêver qu’un jour, le FC Gueugnon connaîtra de nouveau de belles épopées et quelques coups d’éclats !          

ALLEZ GUEUGNON !

Texte et photos: Dimitri Gressard
@DimitriGressard



1 commentaire:

  1. Très bon article ;
    Je faisait parti des 20000 Gueugnonais qui hurlaient au stade de France.
    Souvenirs exceptionnels .

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